Réponse courte : oui! C’est en discutant avec un groupe d’achat local et bio de Montréal, l’année dernière, que l’idée m’est venue d’offrir du sirop d’érable zéro-déchet. Bien sûr, plusieurs épiceries zéro-déchet en offrent déjà, mais vous pouvez aussi l’acheter directement d’un petit producteur, réduisant encore plus les intermédiaires et le prix.
Comme certains d’entre vous le savez déjà, chaque année mon père et une petite troupe dont je fais partie produisons du sirop d’érable. La qualité est, je dois dire, exceptionnelle. J’ajoute quand même par souci de transparence que je ne suis pas neutre dans cette histoire! Je vous raconte dans cet article comment nous avons entrepris d’offrir du sirop zéro-déchet – une expérience que nous tentons encore une fois pour une deuxième année.
Avec ou sans quotas
Tout d’abord, il faut savoir que présentement au Québec une Fédération acéricole encadre la production et la vente de sirop d’érable. J’aurais bien des choses à dire là-dessus, mais pour le moment, je vous dirai seulement que nous n’avons pas de quotas. Cela signifie que nous ne sommes pas autorisés à vendre aux épiceries, restaurants, etc., comme mon père le faisait auparavant.
Les producteurs sans quotas (souvent des petites entreprises familiales) ont seulement le droit de vendre directement aux consommateurs et dans des contenants d’un gallon et moins. Celles et ceux dans cette situation choisissent donc souvent de mettre à peu près toute leur production en cannes, ensuite mises en boîte. Laissez-moi vous dire que c’est un travail fait avec amour parce que les profits sont à peu près nuls. Mon père dit souvent : « Au moins ça couvre les dépenses! »
Les producteurs qui ont des quotas (souvent de gros joueurs), quant à eux, passent par la Fédération qui leur achète leur sirop en barils. Généralement, cela veut dire qu’une grande partie du sirop est mélangée après avoir été collectée chez plusieurs producteurs puis revendue à des entreprises qui l’embouteilleront et/ou qui le transformeront.
De plus, des sirop clairs, ambrés et foncés (autrefois appelé AA, A, B, C et D) peuvent tous être mis dans la même sirotière et cannés comme tel. Ce qu’on y perd, c’est entre autres la qualité du terroir où le sirop est produit. Et cela nécessite aussi plus de transport, d’énergie et d’intermédiaires. C’est ce qu’on rencontre de plus en plus souvent dans les épiceries, en particulier les grandes surfaces.
De l’arbre à votre table
Au contraire, lorsque vous achetez directement d’une famille qui en produit (avec ou sans quotas), si vous avez la chance d’en connaître une, vous choisissez non seulement un sirop qui exprime un coin de forêt bien particulier, mais vous contribuez aussi à minimiser l’empreinte écologique associée à sa production. Car en effet cela diminue le nombre de transferts d’un intermédiaire à un autre. C’est un peu comme si le sirop passait directement de l’arbre (enfin… de la bouilleuse) à votre table. Et en plus de ces avantages, cela donne la possibilité de savourer du sirop sans générer de déchet.
De plus, quand vous achetez d’une petite entreprise familiale, votre sirop a fort probablement été produit de façon artisanale. J’ai déjà comparé la liste des critères pour qu’un sirop puisse être certifié bio aux procédés qu’on utilise chez nous. Ma conclusion? Le sirop fait de façon artisanale répond généralement à la grande majorité de ces critères, sinon à tous. Pour cette raison, je crois que la différence de prix entre le sirop bio certifié et le sirop artisanal non certifié sert surtout… à couvrir le prix de cette certification. C’est une autre histoire en épicerie; je vous en parlerai davantage dans un autre article.
Éliminer les déchets, minimiser son empreinte
Pour ce qui est du zéro-déchet, le concept est d’une simplicité rafraîchissante. Quand le sirop est prêt, nous embouteillons directement, sur place, dans des contenants de verre plutôt que dans des cannes. Nous réutilisons chaque année les mêmes bouteilles. Dans le passé, nous réservions ces bouteilles à notre usage personnel. Mais lorsque j’ai vu l’année dernière qu’un groupe d’achat de Montréal cherchait du sirop zéro-déchet, j’ai eu l’idée de leur proposer ces cruches. Les gens viennent chercher leur sirop (souvent en transport en commun ou en vélo) et apportent leurs pots Masson. Il suffit alors de transvider le sirop dans leurs contenants et le tour est joué.
Les gens peuvent aussi repartir avec une cruche de 4L ou 1L (avec consigne). Ce qu’il faut savoir, c’est qu’une fois un contenant ouvert, il faut le conserver au froid parce qu’il n’est plus stérilisé. Pour des petites quantités, comme 1L ou moins, le frigo suffit. Mais pour un 4L, mieux vaut le garder au congélateur, sinon le sirop pourrait avoir le temps de cristalliser, c’est-à-dire de se transformer en sucre.
Si le sirop d’érable zéro-déchet vous intéresse, je vous conseille vivement de trouver quelqu’un dans votre entourage dont la famille a une cabane à sucre et de leur proposer un arrangement du genre.
Sirop zéro-déchet à vendre
De mon côté, je vais m’assurer d’en avoir une bonne quantité dans des cruches cette année, parce que tout est parti en un clin d’œil au printemps dernier. Je vais organiser quelques soirées porte-ouverte chez moi, dans Rosemont Petite-Patrie, en mars et en avril. Les gens intéressés à se sucrer le bec façon zéro-déchet pourront venir chercher du sirop en vrac! Si ça vous intéresse, inscrivez-vous à mon infolettre (sur le site) ou écrivez-moi à [email protected] et je vous ajouterai à ma liste. Vous serez contacté dès que j’aurai des dates à vous proposer! Et je vous promets quelques surprises!
Au plaisir de vous rencontrer!
[…] Nous avons toute une chance, quand même, de pouvoir consommer ici au Québec un sucre produit dans la région, naturel (aucun raffinage nécessaire, aucun ingrédient rajouté), biologique par sa nature même (aucun besoin de pesticides) et équitable. Achetez-le directement du producteur et vous aurez une saveur encore plus locale et souvent un meilleur prix. Je suis totalement biaisée puisque j’en vends. D’ailleurs, j’en propose en version zéro déchet; cliquez ici pour lire mon article sur ce sujet. […]
Hahahaha!! Le bébé!
Très bel article – WOW!! 🙂
Tes photos sont belles!
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