Je vous ai déjà parlé de Certex dans cet article : « Que faire avec vos vêtements trop usés pour être portés? » Aujourd’hui, j’avais envie de vous en dire un peu plus sur l’organisme et aussi de vous annoncer leur prochaine campagne de financement qui aura lieu le 29 novembre au Musée Grévin.

Une double mission

Certex est une entreprise d’économie sociale à but non lucratif et un organisme de bienfaisance avec une double mission. D’abord, elle vise à l’intégration socioprofessionnelle durable de personnes ayant des limitations fonctionnelles. Pour ce faire, l’organisme crée de l’emploi pour ces gens à leur centre de tri et dans leurs friperies.

Certex - La FripeShop

Ensuite, Certex œuvre dans la récupération et surtout à la valorisation des vêtements, souliers et textiles usagés. Le réemploi des matières est la visée principale de l’entreprise. Or, il ne s’agit pas là de son seul défi. Atteindre le zéro déchet, c’est-à-dire détourner des sites d’enfouissement 100% des milliers de tonnes de textiles amassées chaque année, est un pari que l’entreprise a eu le courage de relever.

Le centre de tri de Certex, que j’ai pu visiter, est l’une des plus importantes installations du genre au Québec. Ici, les dons de vêtements, directement ou par les boîtes Certex éparpillées dans la province, représentent annuellement plus de 6000 tonnes de matières, soit l’équivalent de deux piscines olympiques! J’ai trouvé que l’ambiance dans la friperie et dans le centre de tri était joyeuse et rafraîchissante! La plupart des gens rencontrés étaient souriants et nous saluaient sur notre passage.

Certex

Trouver une deuxième vie aux textiles usagés

De toute cette masse de vêtements collectés qui passent par le centre de tri, une grande partie, soit environ 60%, est exportée dans des pays d’Asie et d’Afrique. Une partie est composée de vêtements en bon état pour les pays en voie de développement, alors qu’une autre portion est vendue pour être transformée en nouvelles fibres qui serviront notamment à faire du denim « neuf ».

Certex

C’est un sujet qui n’est pas sans problème. En effet, certains pays d’Afrique ont commencé à fermer leurs portes à ces exports afin de valoriser leur propre industrie du vêtement. Comme quoi réduire demeure la solution idéale.

Plus localement, environ 10% de ce volume de vêtements est revalorisé par les friperies locales opérées par l’entreprise sous le nom de FripeShop. Un autre 15% est recyclés en chiffons industriels qui seront vendus en gros ou au détail. En moins grande proportion, un 5% est transformé en énergie pour alimenter des fours de cimenteries en substitut au pétrole.

Certex

On trouve de tout dans les FripeShop de Certex!

De plus, beaucoup d’éco-designers québécois s’approvisionnent chez Certex. L’entreprise en profite d’ailleurs chaque année pour organiser son défilé de mode annuel qui sert aussi de campagne de financement pour sa fondation (la Fondation Certex).

Certex

J’ai eu la chance d’assister au Défilé des Décousus de Certex en avril 2018.

Certex - Défilé des Décousus

En route vers le zéro déchet grâce aux… champignons!

Si vous êtes rapide en calcul, vous vous demandez peut-être ce que devient le dernier 10% de vêtements collectés. Jusqu’à tout récemment, les textiles souillés, déchirés ou en retailles s’en allaient au site d’enfouissement. Toutefois, Certex travaille depuis plusieurs années en collaboration avec des chercheurs à travers des programmes de soutien en recherche & développement pour tendre vers le zéro déchet.

Certex

Photo : Certex

Ainsi, l’organisme apporte son soutien financier au chercheur David Dussault, Ph.D. qui travaille au développement de techniques de biodégradation et de « mycoremédiation ». En gros, il s’agit de développer le plein potentiel d’une souche de champignons qui serait capable de décomposer les textiles en quelques mois (plutôt que quelques centaines d’années). Qui plus est, cette technologie pourrait être utilisée pour décontaminer des eaux polluées.

Si le projet fonctionne, Certex pourrait détourner 100% des textiles collectés des sites d’enfouissement et contribuer à lancer cette nouvelle technologie en donnant l’exemple.

Un Gala pour financer la recherche

Étant moi-même au doctorat, je suis très consciente que le financement constitue souvent l’élément essentiel pouvant mener à la réalisation et l’application de recherches. Pour aider à trouver des solutions aux textiles usagés, Certex organise ce mois-ci la première édition de son gala « Riche & Célèbre » qui aura lieu au Musée Grévin.

Certex Cocktail Riche et Célèbre Musée Grévin

Photo : Certex et Musée Grévin

Tous les profits nets recueillis serviront à financer le projet « Des champignons au secours de l’environnement ». Plus particulièrement, les fonds financeront la phase pré-test industriel de ce procédé. Personnellement, j’ai très hâte de voir les résultats!

On nous promet une belle soirée avec champagne, huîtres et stars hollywoodiennes (de cire; c’est le Musée Grévin!). Les billets sont présentement à 150$ au lieu de 180$, pour un temps limité. Si la cause vous tient à cœur et si les campagnes de financement sont quelque chose que vous pouvez vous permettre, je vous encourage à leur apporter votre soutien!

Certex - Cocktail Riche et Célèbre

Tous les détails par ici : https://cocktail.certexcanada.com/premier/.

D’autres débouchés… qui ne débouchent pas (encore)

En attendant, il existe des procédés déjà connus qui permettraient de revaloriser les fibres naturelles. Marianne Coquelicot Mercier, designer industrielle et professeure à l’Université de Montréal, expliquait par exemple dans un récent document de Radio-Canada que du feutre pourrait facilement être produit avec du lainage défibré et recyclé. Malheureusement, certains de ces débouchés qui pourraient constituer de bonnes solutions pour le recyclage des textiles usagés sont bloqués à cause d’une loi que certains qualifient d’archaïque. Elle date de 1969.

À cause de cette loi, il est interdit au Québec d’utiliser des matériaux usagés pour faire du rembourrage, par exemple dans les autos, les sofas ou encore les matelas. Si cela était permis, une toute nouvelle industrie pourrait peut-être prospérer de nouveau au Québec. Récemment, Certex s’employait à rencontrer des élus pour leur faire revisiter cette loi.

Une autre projet à suivre!

Et pour en apprendre plus sur Certex, c’est par ici : http://certexcanada.com/fr/.