Je me lance lentement mais sûrement dans la multiplication des expériences zéro déchet dans la maison et plus particulièrement dans la salle de bain pour commencer. Cette semaine : les serviettes hygiéniques lavables. J’ai écrit « expériences » parce que, pour être franche, je n’en suis pas encore à cet idéal de zéro déchet, loin de là. Mais je m’y mets, une action à la fois. Je change une habitude après l’autre – parfois ça fonctionne, d’autres fois non.
Produits jetables : la norme?
Je rentre donc dans le vif d’un sujet tout féminin, phénomène mensuel bien connu de toutes et de tous : les règles. On a pu assister, depuis quelques années, à une petite révolution contre les produits jetables. Moi qui m’en suis longtemps tenue aux tampons OB (sans applicateur), j’ai essayé, il y a quelques années, la Diva Cup. Je ne me suis pas habituée; après quelques essais, je suis retournée aux serviettes et tampons. Je lui donnerai une deuxième chance, mais en attendant, j’étais très heureuse de découvrir une autre option que je vous présente dans cet article, pour celles qui, comme moi, restent un peu dubitatives devant la coupe menstruelle. J’ai nommé : les serviettes hygiéniques lavables.
J’ai eu droit, je l’avoue, à quelques réactions de surprise lorsque j’en ai parlé autour de moi. Je voulais savoir si je connaissais des femmes qui en utilisaient et ce que les autres pensaient de l’idée. Je n’ai pas trouvé dans mon entourage, qui compte pourtant plusieurs écolo dans l’âme, d’utilisatrices. Aussi bien demander aux gens s’ils ont un caveau à légumes : ce n’est pas d’un autre temps, ça? Comme si la consommation rapide et éphémère de produits jetables était la seule option imaginable en 2017. Malgré ces sourcils retroussés ou froncés, plusieurs en avaient entendu parler et étaient curieuses d’en savoir plus.
Très brève histoire des produits hygiéniques jetables
Si cette enquête a été peu fructueuse, je n’ai pas eu, en revanche, à faire d’exténuantes recherches sur les habitudes des femmes dans les derniers millénaires pour vous rappeler que l’apparition des serviettes et des tampons jetables est somme toute très récente dans l’histoire de l’humanité. Si ces serviettes sont apparues à la fin du 20e siècle, proposées par Johnson & Johnson, il faudra attendre le début des années 1920 pour que Kimberley-Clark commercialise sa fameuse serviette Kotex. Du côté des tampons, Tampax a lancé son premier tampon avec applicateur en 1936 [i]. On ne parle donc que de quelques décennies, tout au plus un siècle, ce qui n’est pas très long dans l’Histoire.
Évidemment, cette production de déchets n’a pas toujours été la norme. Pendant des siècles, les femmes ont utilisé des matières réutilisables pour gérer leur flot menstruel, souvent du coton. Je suis surprise qu’on puisse s’étonner autant de voir des serviettes réutilisables revenir sur le marché. Le jetable, ça nous a un peu facilité la vie, c’est vrai, mais ça coûte cher, tant en argent qu’en coûts environnementaux.
Les serviettes Bummis
J’ai donc contacté la marque montréalaise Bummis pour faire une collaboration et essayer ses serviettes. Bummis, comme son nom le laisse deviner, se spécialise depuis 1989 dans les couches réutilisables pour bébés. Au fil des années, la compagnie a ajouté toutes sortes de produits pour enfants (bavettes, maillots de bain, chapeaux, etc.) à sa liste et, plus récemment, en 2012, la ligne pour femme Fabulous Flo, qui compte des protèges-dessous, des serviettes régulières et des serviettes ultra absorbantes.
Les serviettes Fabulous Flo sont composées d’une partie intérieure en coton bio naturel. L’extérieur est fait de polyester laminé très coloré et étanche. D’ailleurs, parlant de couleurs, j’aimerais bien en voir des plus sobres, voire unies, noires par exemple, rajoutées aux choix, pour mieux s’harmoniser avec les sous-vêtements. Mais c’est un détail. Les serviettes ont des ailes qui s’attachent avec un bouton pression, ce qui les garde en place. J’ai trouvé que les plus petites serviettes avaient tendance à glisser un peu vers l’arrière, mais rien de dramatique. Sinon, je n’ai eu aucun problème. Comme il s’agit de coton doux, elles sont très confortables. J’ai été surprise de constater à quel point elles étaient minces et absorbantes.
Pour la nuit, pas de souci. La serviette ultra absorbante est faite en deux morceaux. Elle s’installe à l’intérieur du sous-vêtement comme les autres. Les morceaux séparables facilitent le lavage. Comme elles sont plus longues, elles tiennent à l’aide de deux boutons pressions plutôt qu’un et elles tiennent bien en place.
S’équiper pour le mois représente un petit investissement, c’est vrai, mais cela vaut la dépense. Les serviettes Bummis s’achètent à l’unité ou en paquet de trois. Les coûts à l’unité varient de 7,50$ à 19,90$, selon le degré d’absorption de la serviette, et de 19,95$ à 33,95$ pour les paquets de trois. Pour un kit de base (disons 3 serviettes de chaque plus une pochette), comptez environ 95$ plus taxes. Or, quand on sait qu’en moyenne une femme dépense 230$ par année en produits hygiéniques [ii], la comparaison devient très avantageuse, surtout que ces serviettes dureront plusieurs années.
Quant au lavage, vous pouvez les ajouter aux brassées régulières en eau chaude comme en eau froide, c’est à votre goût. Personnellement, je lave toujours à l’eau froide. Les instructions de lavage se trouvent dans l’emballage. J’ai laissé tremper les serviettes dans l’eau en attendant de faire une brassée. À ce point, je me demandais comment se passerait cette étape : les serviettes resteraient-elles tachées? La réponse : oui, un peu dans mon cas. Mais je dois dire que j’utilise un savon doux bio et que ça m’arrive souvent de ne pas arriver à faire partir toutes les taches. Au final, ça m’est un peu égal. Autre note : mieux vaut ne pas mettre les serviettes à la sécheuse, car elles pourraient onduler un peu.
Les essayer, c’est… les adopter!
Me voici convertie, même si j’ai encore de l’adaptation à faire. Par exemple, au moment où je voulais essayer les serviettes, je partais en voyage. J’ai hésité à les apporter avec moi. Je ne prévoyais pas faire de lavage pendant mon court séjour d’une semaine à l’extérieur et je les ai finalement laissées à la maison. Après coup, je me suis dit que j’aurais pu essayer : il suffit de s’équiper d’une pochette à cet effet ou, au pire, d’un sac ziploc. Je me reprendrai!
Bref, de mon côté, j’adopte! Non seulement ces serviettes permettent-elles de réduire la production de déchet, mais toutes les étapes de leur production sont pensées dans le but de diminuer l’empreinte écologique liée au produit. Les tissus proviennent des États-Unis et les serviettes sont fabriquées au Canada, ce qui réduit considérablement le transport lié aux matériaux et à la transformation. Elles sont aussi produites dans des conditions de travail équitable. On peut les acheter en ligne ou encore chez plusieurs détaillants (voir le site web de Bummis pour la liste).
Bien sûr, je ne vais pas jeter ce qu’il me reste de serviettes et de tampons. Je vais sûrement en acheter encore un peu. Je les trouve encore pratique pour la sacoche, la baignade, etc. Mais je vais tranquillement opérer une transition vers une utilisation régulière et mixte de produits non jetables. Ces serviettes feront partie de mon nouvel arsenal. En bout de ligne, lancer quelques serviettes dans la laveuse plutôt que dans la poubelle n’est pas un geste très difficile à mettre en application. Et malgré cela, c’est un geste qui a un impact réel sur l’environnement.
Comme toujours, vos commentaires sont les bienvenus!
Bummis
Références
[i] Voir https://www.theatlantic.com/health/archive/2015/06/history-of-the-tampon/394334/ pour une histoire des tampons.
[ii] C’est un chiffre qui paraît élevé, mais qui a été obtenu par une étude menée en Grande-Bretagne (2015), conduite sur 2134 femmes. Le coût peut varier légèrement d’un pays à l’autre, mais ça donne une idée. Voir http://www.huffingtonpost.co.uk/2015/09/03/women-spend-thousands-on-periods-tampon-tax_n_8082526.html?utm_hp_ref=tw.
[…] vous avais déjà parlé (ici) de serviettes réutilisables pour les menstruations. J’ai pu tester celles d’Öko et je les ai […]