La première fois que j’ai eu un vrai contact avec une communauté autochtone, j’avais été invitée à une célébration automnale des récoltes à Kahnawake. Un Thanksgiving à l’amérindienne. Ça a été une expérience mémorable. Je me rappelle avec clarté le sentiment de gratitude que je ressentais d’être accueillie à cette fête.

Combien ai-je rencontré de personnes – moi la première – qui aimeraient sincèrement découvrir les cultures autochtones? Pas la culture stéréotypée, mais bien celle de la vie d’aujourd’hui. Pour être allée à Kuujjuaq quelques fois, j’ai compris que ce n’était pas toujours facile. Avec raisons (le « s » n’est pas une coquille). J’en parlais d’ailleurs dans mon premier article sur le Nord.

Art inuit à Kuujjuaq Nunavik

Vouloir, mais ne pas savoir comment

En écocritique, mon champ d’études, j’ai beaucoup entendu parler d’indigénéité en cette période où le mot « réconciliation » est si important. Des faux pas, des erreurs commises, des difficultés de communication, des attentes déraisonnables, j’en ai vues et j’ai sûrement moi-même commis des erreurs en voulant trop ardemment créer un contact qui finalement s’est peut-être avéré un peu brusque pour les personnes « victimes » de mon enthousiasme.

Je ne sais pas pour vous, mais moi, avec mon côté anxieux, je suis très consciente des bévues que je pourrais faire en voulant sincèrement découvrir une culture. Parfois ça me bloque; d’autres fois, ça me rend maladroite. Mais ce n’est pas une raison pour abandonner cet idéal de fraternité qui vient d’un désir sincère de connaître mes concitoyens.

Des ponts entre les cultures

Pour toutes ces raisons, je suis enchantée de vous présenter des initiatives prises par des communautés autochtones pour bâtir des ponts entre eux et le reste des habitants du Québec. Ce sont de merveilleuses occasions pour que l’enfant curieux en vous parte à la découverte de ses voisins, avec candeur et ouverture. Ces activités semblent se multiplier : à nous d’en profiter!

Oui, certaines peuvent coûter plus chères (en transport notamment), alors que d’autres sont très accessibles. Mais même les plus coûteuses ne sont pas nécessairement inaccessibles aux voyageurs qui se paient des billets d’avion en Asie, par exemple. C’est un choix et le fait reste : pas besoin de traverser le globe pour rencontre une culture complètement différente de la sienne et développer son esprit de fraternité universelle.

Kuujjuaq Nunavik


Abitibi-Témiscamingue : le site culturel Kinawit | Anicinabe (Algonquin)

Justement, « Kinawit » signifie le « nous inclusif » en langue algonquine. Je trouve cela de toute beauté et dans l’esprit de ce que je cherche personnellement. Pour moi, c’est une façon de découvrir sans s’imposer, dans un cadre accueillant et prêt à recevoir et à partager.

Sur les berges du Lac Lemoine, on peut acquérir toutes sortes de connaissances sur la culture anicinabe. Hébergés en chalet ou en tipi, les visiteurs peuvent participer à une multitude d’ateliers, du grattage de peaux à la « désensibilisation aux cultures », en passant par les plantes médicinales, la construction de canots et la langue algonquine. On présente cette expérience comme étant « sincère » et basée non pas sur la culture folklorisée mais plutôt sur celle d’aujourd’hui.

Kinawit

Photo : Kinawit

https://www.kinawit.ca/


Côte-Nord : Station Uapishka | Innu

Sur le site d’accueil de la Station Uapishka, on peut lire : « la Station Uapishka vous ouvre les portes d’un univers nordique sans pareil au Québec. Ce monde authentique, où ne règnent que les rumeurs paisibles de la nature, abrite plusieurs lieux mémorables. Mémorables, parce qu’ils regorgent de beauté et offrent des moments de pure liberté; mémorables aussi en raison des histoires fascinantes qui l’habitent et imprègnent notre imaginaire d’exploits fabuleux, de découvertes scientifiques, de héros mythiques, de cataclysme planétaire et, bien sûr, de splendeurs naturelles. »

La Station offre de l’hébergement sous différentes formes (chalets, dortoirs, camping), mais surtout des expériences qui se présentent sous forme d’ateliers autochtones, comme la cuisine innue, ou encore des expéditions avec guides. Vous pourriez par exemple traverser les monts Groulx (Uapishka en langue innue) ou encore vous rendre au cratère de Manicouagan, « l’œil du Québec ». Je suis certaine que c’est une occasion en or d’en apprendre sur leur culture, tout en acquérant de nouvelles habiletés.

Uapishka, Côte-Nord, Innus

Photo : Uapishka

http://stationuapishka.com/


Eeyou Istchee – Baie-James : Les Tours culturels cris Nuuhchimi Wiinuu | Cri

Situé près de la communauté crie Oujé-Bougoumou, dans le coin de Chibougamou, ce site propose de vous initier à la culture crie. Les hôtes, la famille Bossum, reçoivent des visiteurs à l’année longue, avec un esprit de partage et de découvertes culturelles qui m’a l’air fort sympathique.

Vous pourrez y faire de la raquette, de la pêche sur glace, de l’artisanat traditionnel cri, de la trappe et même de la cuisine! J’ai beaucoup aimé parcourir leur page Facebook, qui nous permet à travers ses photos de nous faire une idée du type d’activités proposées et aussi de leur variété. On y sent déjà une chaleur humaine accueillante. Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à visionner l’épisode 2 de cette belle série de vidéos créée par Tourisme Eeyou Istchee Baie-James : https://vimeo.com/293419784.

https://www.facebook.com/nuuhchimiwiinuu/


Centre-du-Québec : Musée des Abénakis | Abénaki

Plus près de Montréal (et de mes chalets!), à Odanak, dans le Centre-du-Québec, on retrouve le Musée des Abénakis. Situé entre Sorel et Drumondville, ce musée relate l’histoire de ce peuple dont il ne reste qu’une poignée de représentants dans cette région (457 au census de 2011).

Présentement, une exposition temporaire est en cours : « L’Indien au-dela d’Hollywood », qui déconstruit certaines des images stéréotypées des Amérindiens que l’on voit depuis des décennies, mais qui tend à faire place à moins de folklore et plus de nuances. Je compte bien faire cette visite et je suis certaine d’en apprendre beaucoup sur cette nation qui historiquement s’était alliée aux Français (on parle des 17e et 18e siècle, là!) dans le temps des guerres coloniales entre France, Angleterre, Nouvelle-France et États-Unis.

Musée des Abénakis

Photo : Musée des Abénakis

http://museedesabenakis.ca  


Parcs Nunavik | Inuit

Last but not the least, je vous parle du Nunavik, une région nordique avec laquelle je suis tombée en amour dans les dernières années, grâce à ma cousine Annie que vous avez pu voir dans mes articles sur Kuujjuaq (voir ici par exemple, où elle tient un « majestueux » bok choi au-dessus de sa tête). Le Nunavik m’avait toujours attirée et je n’ai pas été déçue lorsque j’y suis finalement allée, bien au contraire.

Comme je le mentionnais, à Kuujjuaq, ce n’est pas toujours évident de découvrir la culture autochtone. Il faut du temps et de la patience. Ce que j’aime de Parc Nunavik, c’est que tous les guides sont inuits. Plus encore, les postes dans les bureaux administratifs sont aussi en voie d’être occupés à 100% par des Inuits. Une initiative que j’applaudie. Encore une fois, de multiples expéditions sont disponibles tout au long de l’année. Je n’en dis pas plus, car je vous prépare un article sur le sujet! En attendant, vous pouvez toujours allez jeter un coup d’œil à leur site web!

Nunavik Parks

Photo : Parcs Nunavik

http://www.nunavikparks.ca/fr/


Pour plus d’idées, je vous invite à visiter le site Tourisme autochtone Québec : http://www.tourismeautochtone.com/.

En passant, je n’ai visité aucun de ces endroits. Je ne peux donc pas les endosser, mais leur réputation les précède. Svp, gardez votre sens critique en alerte, comme toujours. Si vous y allez, ou si vous y êtes déjà allé, laissez-nous savoir comment s’est déroulé votre expérience! L’avez-vous trouvée écoresponsable?

Vos commentaires sont les bienvenus!

(Photo de la page couverture : Parcs Nunavik)