Le désert du Sonora me fascine. À ma première visite en Arizona, en 2016, je ne pensais pas découvrir un endroit aussi vivant, aussi peuplé d’animaux, de plantes, de fleurs et d’insectes. Contre toutes mes attentes, je suis tombée en amour avec ce désert.

Et pourtant, il faut se méfier à chaque pas et regarder à tout moment où l’on met les pieds à cause de tous ces cactus et de leurs dangereuses épines. Il existe même – je ne blague pas – un cactus appelé jumping cactus, dont des bouts se décrochent sur votre passage et vous « sautent » dessus (en fait ils tombent sur vous), s’accrochant à votre bas de pantalon ou à votre peau, si vous avez commis l’imprudence de vous promener en shorts (parlez-en à ma sœur Josianne).

Moi en train d'admirer les cactus Saguaro sur la Pima Canyon Trail, Tucson, Arizona

Moi en train d’admirer les cactus Saguaro sur la Pima Canyon Trail, Tucson, Arizona.

Plus grande zone désertique en Amérique du Nord, le désert du Sonora s’étend de l’Arizona jusqu’au Mexique en passant par la Californie. C’est aussi le seul endroit au monde où l’on peut voir les cactus Saguaro, ceux-là même qui évoque l’univers des cowboys, celui de Lucky Luck ou encore l’œuvre de Cormack McCarthy que j’ai dévorée, la Trilogie des confins. Ces cactus peuvent atteindre 15 mètres de hauteur et mettent plus de 50 ans avant de pousser leur premier « bras ».

Cette année, pendant mon séjour à Tucson, je suis allée visiter avec Josianne et sa belle-maman Susan le Arizona-Sonora Desert Museum, question de mieux découvrir le désert. Ce parc a une excellente réputation internationale. J’avais quand même entendu dire par un ami que les animaux y semblaient à l’étroit. J’avais bien hâte d’aller voir par moi-même. De plus, je venais tout juste de découvrir le Parc Oméga en Outaouais, une comparaison qui met la barre plutôt haute.

Cactus Cholla, près de Portal, Arizona

Cactus Cholla, près de Portal, Arizona

Le Arizona-Sonora Desert Museum a ouvert ses portes en 1952. Il est situé en bordure du Parc National de Saguaro. Si vous partez de Tucson, je vous conseille d’éviter l’ennuyante autoroute 10 et plutôt d’emprunter la route qui traverse le Parc National. Il faut y circuler lentement, car beaucoup de cyclistes la sillonnent. La vue en vaut la peine : vous pourrez y voir, le long des routes sinueuses, des Saguaro à perte de vue, un spectacle inoubliable.

Au bout de ce chemin vous arriverez au Desert Museum. C’est à la fois un magnifique jardin botanique et un écomusée unique. Sa particularité réside dans l’endroit même où il est situé; ses occupants sont, en quelque sorte, dans leur habitat et leur climat naturels. En effet, le musée vise d’abord et avant tout à présenter la biorégion que constitue le désert du Sonora.

Le Desert Meseum comprend une variété d’espaces différents : plusieurs volières, un aquarium, une collection d’insectes vivants, de nombreux jardins thématiques et un sentier dans le désert. Comptez quelques heures pour votre visite et apportez votre crème solaire! Mais si vous l’oubliez, pas de panique : il y en a de fournie gratuitement sur place. De nombreux abreuvoirs sont aussi installés tout au long des parcours. Il y a quelques restaurants et cafés sur le site, très abordables. Malheureusement, il n’est pas permis d’apporter son propre pique-nique.

Pécari à collier, Arizona-Sonora Desert Musuem

Un pécari à collier. Photo : Jay Pierstorff, Arizona-Sonora Desert Mueum

Une chose qu’il faut considérer à propos d’un tel parc, c’est qu’il consiste en un ensemble de « collections » vivantes. Mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons et arthropodes se partagent l’espace. Si les prédateurs en particulier (je pense entre autres au cougar et à l’ocelot) mais aussi les grands mammifères (cervidés) et les oiseaux occupent des enclos de taille plutôt modeste, d’autres, comme les pécaris à collier (les javelinas), bénéficient d’espaces plus généreux, à ciel ouvert. À ces animaux il faut ajouter 40 000 plantes de 1300 espèces différentes.

Loup gris mexicain. Photo : Kat Rumbley, Arizona-Sonora Desert Museum.

Loup gris mexicain. Photo : Kat Rumbley, Arizona-Sonora Desert Museum.

Ces collections ont des visées éducatives mais aussi de conservation. En effet, parmi les résidents du parc, on compte une vingtaine d’espèces indigènes menacées ou en danger d’extinction, de même qu’une centaine d’espèces rares. Plusieurs font partie de programmes de conservation, comme le loup gris mexicain, dont il ne resterait plus qu’une cinquantaine d’individus en liberté dans la région. Pour d’autres espèces, des programmes de reproduction en captivité suivi d’une relocalisation en nature visent à aider à la pérennité de l’espèce. De plus, ces programmes s’accompagnent généralement de modifications à la réglementation autour de ces espèces.

Cactus Cholla sur la boucle dans le désert du Arizona-Sonora Desert Museum. Photo : Jay Pierstorff.

Cactus Cholla sur la boucle dans le désert du Arizona-Sonora Desert Museum. Photo : Jay Pierstorff.

Pour revenir au parc lui-même, il ne faut surtout pas manquer le Desert Loop Trail, le plus beau sentier à mon avis qu’offre le parc. Il s’agit d’une boucle de près d’un kilomètre et demi qui fait découvrir aux visiteurs l’environnement particulier du désert de Sonora, à travers des sentiers très accessibles, ponctués de fontaines et de bancs pour se reposer à l’ombre des ramadas, ces structures de bois qu’on trouvait autrefois dans le désert pour que les voyageurs se mettent à l’abri du soleil. Tout au long du sentier, on peut apercevoir de nombreux animaux, dont les coyotes et les pécaris.

Oiseau-mouche dans la volière du Arizona-Sonora Desert Museum. Photo : Jay Pierstorff.

Oiseau-mouche dans la volière du Arizona-Sonora Desert Museum. Photo : Jay Pierstorff.

Oiseau-mouche Anna's dans la volière du Arizona-Sonora Desert Museum. Photo : Jay Pierstorff.

Oiseau-mouche Anna’s dans la volière du Arizona-Sonora Desert Museum. Photo : Jay Pierstorff.

Aussi à ne pas manquer : la volière de colibris que j’ai adorée. J’y aurai passé des heures! Des colibris colorés et iridescents volent sans gêne tout autour des visiteurs, vaquant à leurs occupations. Comme le printemps s’amorçait, ces colibris étaient occupés à nourrir leurs petits : des minuscules bébés colibris bien au chaud dans leur petit nid! Sur place, des bénévoles nous expliquent tout ce qu’il y a à savoir sur ces adorables oiseaux qui abondent dans le désert du Sonora. Par exemple, la première tentative d’avoir des colibris au parc a échoué. Ils ont découvert pourquoi : les colibris utilisent des toiles d’araignées pour construire leurs nids. Sans toile, ces derniers s’effritent. On a donc intégré des araignées à la serre! Mais ne vous inquiétez pas, je n’en ai vu aucune!

En résumé, si vous vous trouvez à Tucson, je vous recommande la visite du Desert Meseum. Avec une mission avant tout éducative et ses programmes de conservation, le parc joue un rôle de protection utile dans cette région unique au monde. Et pour les visiteurs, c’est une autre occasion de tomber en amour avec le désert.