Vous avez une belle fin de semaine devant vous et vous vous demandez quoi faire? Pourquoi ne pas aller explorer une nouvelle route des vins? Celle sur laquelle se trouve le vignoble des Artisans du terroir est peut-être moins parcourue que celle de Brôme-Missisquoi, mais elle n’est qu’à 45 minutes de Montréal et de toute beauté! C’est ce que j’ai fait ce vendredi et j’ai été enchantée de ma visite!
Saint-Paul d’Abbotsford est une petite municipalité fondée en 1855. Elle se situe en Montérégie, le haut-lieu de la pomme au Québec. Or, c’est aussi une région viticole en plein essor. Les coteaux qui s’allongent sur le flanc du mont Yamaska et les routes qui les sillonnent offrent une vue imprenable sur la rivière du même nom et sur les eaux miroitantes de la rivière Noire. Parfait pour une belle balade du dimanche, où vignes et pommiers dominent le paysage. N’oubliez pas votre pique-nique!
Vignoble les Artisans du terroir
C’est à l’invitation d’Isabelle Lafont, maître de chai aux Artisans du terroir et dont je vous ai déjà parlé ici, que j’ai pris la route pour aller découvrir le coin. Je connaissais déjà quelques-uns de leurs vins, dont le Prémices blanc qu’on trouve dans le guide de Philippe Lapeyrie, et leur excellent Prémices rosé, un assemblage de Chancellor, Frontenac et Seyval noir tout en fraîcheur. Il faut aussi essayer le Daumeray blanc, fruité et vif, aromatique et lui aussi très rafraîchissant.
Isabelle n’est en poste que depuis deux ans, mais elle est déjà très solide dans son rôle, notamment grâce aux bons conseils de son mentor Réjean Guertain, co-fondateur du vignoble. Le parcours de la vigneronne est tout sauf une ligne droite; ayant grandi dans les pommes, à quelques kilomètres de l’accueil du vignoble, elle a d’abord opté pour une carrière plus « urbaine » : avocate. Mais après avoir pratiqué pendant 13 ans, elle décide de revenir en campagne et se lancer dans le vin. D’ailleurs, le chai du vignoble se trouve dans les locaux de la ferme familiale Lafont, qui compte aussi, maintenant, des vignes sur ses terres.
Cayuga et petite perle : les cépages chouchou
Après avoir pique-niqué près de la boutique, nous sommes parties explorer les magnifiques rangées de vignes bien cordées au pied du mont Yamaska. J’adore emprunter ces petits sentiers cachés qui soudainement s’ouvrent sur une clairière remplie de vignes. Dispersées sur quelques parcelles, elles sont toutes luxuriantes et chargées de fruit en cette fin août. La véraison – ce moment où les raisins changent de couleur – est à peu près terminée.
En tout, le vignoble compte 19 hectares de vignes en culture raisonnée. Les plants ne sont pas effeuillés et ils sont taillées très bas, près du sol. Au Québec, c’est l’une des techniques utilisées par les vignerons pour protéger les ceps du froid, en plus des toiles géotextiles. Du côté de l’arrosage, il n’y a pas d’irrigation dans le vignoble. Grâce aux coteaux et cours d’eau avoisinants, les vignes ne souffrent pas de sécheresse. J’ai adoré pouvoir goûter aux raisins et apprendre comme les vignerons vérifient si les raisins sont prêts. Les pépins doivent être bruns, et la pulpe, aromatique et sucrée.
Dans ces vignes, on trouve une belle variété de hybrides bien québécois, incluant le Marquette, Frontenac noir et Petite perle (ou Perle noire) du côté des rouges, et le Vidal, Frontenac blanc et Cayuga du côté des blancs. Isabelle semble avoir une préférence pour le Cayuga et le Petite perle. Elle m’a dit prévoir faire toutes sortes de tests avec ces cépages dans les années à venir, mais je ne vous en dévoile pas davantage! Chose certaine, je vais garder un œil là-dessus!
Les rosés québécois sont-ils sucrés?
Une des missions de la maître de chai est de défaire certains de préjugés entourant encore les vins du Québec, comme ceux entourant encore le rosé. Par exemple, on lui demande souvent si tous les vins rosés sont sucrés. La réponse : absolument pas. Ils sont fruités et gourmands, mais souvent très secs. Si leur couleur est riche, malgré un pressurage direct, c’est simplement que les raisins du Québec sont très pigmentés. Bref, la couleur n’est pas nécessairement un indicatif du taux de sucre.
Un autre exemple est le fait que rosé rime avec été, et seulement avec été. En fait, de plus en plus de chroniqueurs nous suggèrent d’en boire à l’année! Il s’agit d’un vin festif – pensons aux bulles rosés – qui accompagne à merveilleux des viandes comme le porc ou encore des charcuteries. Les Québécois ont-ils encore besoin de l’apprivoiser? Peut-être! Quoiqu’il en soit, le Québec fait d’excellents rosés qui n’ont rien à envier à ceux d’ailleurs.
Sur ce, je vous invite chaleureusement à aller emprunter la route vers Saint-Paul d’Abbortsford! Attention, il faut arranger sa visite d’avance. En plus du vignoble des Artisans du terroir, vous pourrez visiter le vignoble Les Petits cailloux, le Coteau Saint-Paul et le Domaine le Grand Saint-Charles. Certains offrent des visites, d’autres des dégustations. C’est aussi l’occasion de faire le plein de petites cuvées disponibles exclusivement dans leurs boutiques
Renseignez-vous et vous pourrez vous planifier une belle journée de découvertes!
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