Même si c’est moi qui la pose, je trouve cette question plus difficile à répondre que prévu! Une chaussure est un produit qui nécessite de multiples étapes de confection et diverses composantes (tissus, semelles, cuir conventionnel ou végétalien, etc.). S’y retrouver peut facilement devenir un casse-tête! En effet, certaines chaussures peuvent avoir un côté éco mais en perdre ailleurs dans le processus de production, sans compter que les longues distances parcourues avant d’arriver jusqu’à nous ajoutent aussi à leur empreinte écologique.
Ce que j’ai découvert en faisant des recherches ici et là, c’est que plusieurs compagnies se concentrent sur un aspect particulier de leur chaussure – une spécialité, en quelque sorte – pour tenter d’améliorer leur bilan environnemental. Pour certaines ce sont des semelles faites en pneus recyclés, pour d’autres, du cuir végane ou encore des tissus recyclés, alors que certaines misent plutôt sur l’engagement social. Parfois on arrive à combiner tout cela! Tous ces changements constituent déjà un pas (souvent plusieurs) dans la bonne direction.
Ces initiatives méritent d’être connues pour inspirer d’autres compagnies à changer, mais aussi pour faire prendre conscience aux gens de leur pouvoir d’achat. Comme l’a écrit Laure Waridel, « Acheter, c’est voter! » Je vous présente ici quelques marques et modèles que j’ai découverts récemment et dont je vous reparle bientôt en plus de détails.
Indosole
Indosole est une compagnie qui recycle des pneus usagés. Leur motto : « Soles with Soul ». Chaque année, 1,5 miliards de pneus usagés prennent la route des dépotoirs. On ne sait pas exactement combien de temps ils prennent à se décomposer : des siècles fort probablement. Ailleurs, on les brûle, créant des nuages toxiques. Pour réduire ce gaspillage et cette pollution, le fondateur de l’entreprise, Kyle Parsons, a décidé de leur donner une seconde vie à travers des semelles faites en Indonésie. Basée à San Francisco, Indosole est certifiée B-Corporation par le B-Lab, qui s’assure que des standards sociaux et environnementaux sont respectés.
Avec son suède végane, ses semelles en pneus recyclés, ses looks de surfeurs très cool (allez voir les gougounes pour homme) et ses prix raisonnables, c’est une belle compagnie à découvrir.
Deux mains
Cette compagnie est née en Haïti après l’historique tremblement de terre dévastateur de décembre 2010. La fondatrice de l’entreprise, Julie Colombino, une répondante formée pour être déployée après une catastrophe naturelle, s’y est rendu après le tremblement de terre. Elle n’est plus repartie. Dans le but de créer de l’emploi comme façon de combattre la pauvreté, elle a eu l’idée de récupérer des pneus usagés pour en faire des semelles de chaussure, comme cela se faisait déjà ailleurs dans le monde. Deux mains était née.
Deux mains travaille de concert avec REBUILD globally, une ONG aussi fondée par Julie Colombino. Les emplois créés bénéficient à des réfugiés et artisans locaux d’Haïti. La compagnie fabrique aussi des sacs et des accessoires mode, que vous pouvez voir sur leur boutique en ligne.
The Root collective
Ébranlée par la tragédie de l’effondrement du Rana Plaza en 2103 au Bangladesh, où au moins 1127 travailleuses et travailleurs de l’industrie du textile ont perdu la vie, et généralement par le traitement des employés cette industrie, Bethany Tran a décidé de faire partie du changement. L’idée de la fondatrice de Root Collective est de créer une « culture of kindness », comme elle le dit, une culture de la bonté. Elle ne manque pas une occasion de nous rappeler que tout ce que nous portons a été fabriqué par quelqu’un, un être humain à part entière. Évident? Peut-être, mais pas quand on achète un jeans à 20$ – quels sont alors les salaires reçus par les travailleurs qui ont contribué à le produire?
Pour elle, la « ethical fashion » ou mode éthique doit répondre à trois critères : bien traiter les gens, bien traiter l’environnement et bien traiter les animaux. Elle s’assure que tous ses fournisseurs répondent à ces critères. C’est sa façon de s’opposer à la « fast-fashion » et de créer un monde plus éthique.
http://www.therootcollective.com/
Nisolo
Nisolo est une autre compagnie qui mise sur l’impact social. Dans ses usines, dont la principale est située à Trujillo au Pérou, le salaire moyen des travailleurs et travailleuses est de 27% supérieur aux normes de salaire éthique minimales. Les employés reportent avoir eu une hausse moyenne de salaire de 140% en se joignant à Nisolo et ce pourcentage grimpe à 173% pour les femmes. Sur le site, vous trouverez plein de détails sur les différents modes de production.
Ici par contre, pas de cuir végane – du moins pas encore. Certains de leurs produits – mais pas tous – sont tannés avec des matières végétales issues de plantes, de racines, d’écorces ou de fruits, plutôt qu’avec des produits chimiques.
Je m’arrête ici pour tout de suite, mais dans les semaines à venir, je vous présenterai toute une série d’articles sur les chaussures écoresponsables, incluant des marques qu’on peut trouver à Montréal. En attendant, les modèles présentés aujourd’hui peuvent être trouvés en ligne, sur les boutiques virtuelles de ces compagnies.
Comme toujours, vos suggestions sont les bienvenues!