J’ai passé l’été, comme je vous le racontais dans cet article, cachée dans mes chalets « écoresponsables », à Tingwick. Pour certains, le caractère écoresponsable de ces chalets semblait mystérieux.Je comprends pourquoi; il ne s’agit pas de maisons avec des technologies particulièrement récentes ou ecofriendly. Il n’y a pas de panneaux solaires (on est en forêt) ni de système de récupération des eaux de pluie. Ces deux actions sont formidables, je n’en doute pas. Or, la définition d’écoresponsable ne s’y limite pas.
Puis, j’ai publié en novembre 2018 un article sur des hébergements écoresponsables à essayer cet hiver (voir par ici). Tout ça m’a fait penser à une question qu’on m’a souvent posée : c’est quoi, exactement, un chalet écoresponsable?
Ce chalet est-il écoresponsable? Il s’agit du Dolce Vita que mon ami Patrick et moi louons à Tingwick.
C’est une excellente question et j’ai pensé y apporter quelques pistes de réponses. Je vous présente donc quelques critères à prendre en considération pour analyser si un chalet ou autre hébergement est écoresponsable (ou pas). Ces considérations sont basées sur mes connaissances personnelles, mon expérience en développement durable à McGill et aussi les efforts que j’ai fait tout au long de l’été dans mes propres chalets.
Penser aux technologies vertes… en temps et lieu
Le premier réflexe qu’ont souvent les gens est de s’informer des technologies vertes dont sont équipées les installations. Les bâtiments sont-ils alimentés par des panneaux solaires ou de la géothermie? Y récupère-t-on les eaux grises? Se sert-on de l’eau de pluie? Est-ce une maison passive (qui produit toute l’énergie qu’elle consomme)? De mon côté, la réponse est : non. Mes chalets ont été bâtis dans les années 1980…
Peut-être pas le chalet le mieux isolé au monde… Ça tombe bien qu’il soit trois saisons (le Sixties).
Bien sûr, les technologies peuvent permettre de réduire considérablement l’empreinte écologique d’un bâtiment, mais cela est loin d’être le seul critère à considérer. On peut très bien changer au fur et à mesure ce qui a besoin d’être réparé par des appareils ou des matériaux plus innovants. De mon côté, j’ai pris mes chalets comme ils étaient, avec tout ce qui fonctionnait encore. Quand ce sera le temps d’apporter des modifications, je donnerai la priorité aux technologies permettant d’économiser eau et énergie ainsi qu’aux matériaux recyclés. En temps et lieu.
Prioriser les matériaux recyclés et locaux
Recycler le vieux est aussi une très bonne façon de minimiser son impact sur l’environnement. J’affectionne tout particulièrement les magasins seconde main. Montréal regorge de ces cavernes d’Alibaba, mais on en trouve aussi beaucoup en région sous forme de comptoirs familiaux ou de centre de récupération. Parfois, pour plus de cachet, certains choisissent plutôt les antiquaires du coin. Meubles, électroménagers et déco intérieure s’y trouvent facilement.
Tout ce qui se trouve dans ce chalet a été réutiliser ou récupéré . Il s’agit du Tropical.
En effet, un chalet qui s’équipe de meubles et déco usagés participe à réduire la consommation de nouveaux produits qui demandent ressources et énergie, sans compter que ces objets tout neufs ont souvent parcouru la moitié du globe ou plus. Même les matériaux de construction peuvent être récupérés. Les mini-maisons en containers en sont de bons exemples. À Tingwick, nous avons repris à peu près tout ce qui était sur place : la literie encore fraîche, les meubles (il y avait là de belles trouvailles) et l’équipement de cuisine. Ça donne un look vintage aux chalets, surtout le Sixties!
Le Sixties semble sorti d’une autre époque. Nous l’avons presque laissé tel quel.
S’il n’est pas possible de trouver ce dont on a besoin dans l’usager, plusieurs se tournent vers les artisans locaux. C’est ce que nous avons fait, notamment pour la literie. Un des chalets est équipé de literie et de coussins Bigarade, une compagnie écoresponsable montréalaise. D’ailleurs, c’est entre autres Geneviève Lorange, la propriétaire, qui m’a aidée avec la déco de tous les chalets.
Adapter ses pratiques de gestion et d’approvisionnement
Que la construction d’un chalet soit nouvelle et high tech, ou vieille et recyclée, une grande partie de l’impact environnemental de ce dernier viendra de son utilisation au quotidien. Les pratiques de gestion et d’approvisionnement peuvent faire une grande différence sur l’impact qu’aura l’occupation d’un chalet.
Par exemple, quels produits sont achetés pour effectuer le nettoyage? Des produits bio et locaux, en plus d’être moins polluants, diminuent le CO2 causé par le transport et les pesticides présents dans l’environnement. Pour nos chalets, Patrick (mon ami-associé) et moi avons choisi quelques compagnies d’ici pour nos besoins, incluant Pure (savon à vaisselle), Bigarade (savon à lessive) et Oneka (shampooing, revitalisant et gel douche).
Autre exemple à considérer : d’où proviendront le café, le thé et les fruits qu’on laisse dans le chalet pour accueillir les gens, si par exemple il s’agit d’un Airbnb? Si vous connaissez l’émission Stay Here, sur Netflix (ma sœur Josianne voulait vraiment que je l’écoute et elle avait bien raison!), vous y aurez entendu plusieurs conseils sur les façons d’améliorer un endroit locatif. J’ai particulièrement aimé leur conseil d’offrir aux visiteurs un panier de produits locaux à découvrir.
Le chalet a un potager? Encore mieux! Un jardin pour les papillons et les abeilles? Des ruches? Vous voyez l’idée?! De notre côté, nous avons la chance de pouvoir offrir du sirop d’érable fait à l’érablière de mon papa adjacente au terrain et aussi du miel, depuis qu’Alexis a décidé d’installer ses ruches sur nos terres (voir mon article ici!).
Grâce à Alexis, nous pouvons maintenant offrir du miel en plus du sirop d’érable.
Choisir le zéro déchet
Pratiquer le zéro déchet dans des chalets est parfois limité à la bonne collaboration des gens; on peut encourager les locataires à le faire, mais on ne peut pas les forcer. Un endroit qui se qualifie d’écoresponsable peut quand même favoriser la diminution de déchets de plusieurs façons.
Tout d’abord, il est important de mettre à la disposition des visiteurs des contenants bien identifiés pour trier le compost et la récupération, de même que des instructions claires (où jeter le plat de compost plein, par exemple) sur la marche à suivre. Il faut aussi, je crois, faire la promotion de cette gestion des matières résiduelles et de l’objectif zéro déchet de l’endroit, si l’on est propriétaire, ou encore poser des questions si l’on est visiteur. J’ai parfois eu envie, l’année dernière, je l’avoue, de demander aux gens de repartir avec leurs déchets… et il m’est arrivé de trier moi-même les sacs qu’ils avaient laissés derrière eux pour en sortir les matières recyclables.
Pas évident de gérer les déchets en pleine forêt. Le terrain garde des traces des façons de faire d’antan.
Ensuite, je veille bien à ne pas mettre à la disposition des gens des produits jetables, qu’il s’agisse d’assiettes de plastique jetables et ou de produits à usage unique, comme des mini flacons de shampooing. J’utilise plutôt des produits en vrac et des bouteilles recyclées que je remplis, tout simplement.
Cette année, j’agirai plus en amont, en expliquant la démarche et en laissant traîner ici et là quelques livres sur le sujet, peut-être!
Voici deux livres que je pourrais laisser traîner dans les chalets pour inspirer mes voyageurs et voyageuses!
Favoriser l’éducation environnementale
J’ai déjà demandé à un ami très cher qui voyage à travers le monde et qui a travaillé sur une multitude de projets environnementaux ce qu’il trouvait de plus efficace pour contrer les changements climatiques. Sa réponse? L’éducation. J’étais dubitative, au début, même si c’est là-dedans que je travaille! Il y a, après tout, bien d’autres voies : les technologies vertes, la politique, l’économie, etc. Mais plus j’étudie les initiatives de durabilité, plus je commence à penser comme lui.
Les visiteurs sont invités à se servir dans le potager bio qui se trouve près du Dolce Vita.
L’éducation peut parfois se résumer à informer les gens des décisions que l’on prend et à donner l’exemple, tout simplement. Une explication du pourquoi on a choisi telle ou telle compagnie pour fournir ses chalets, l’exposition à des produits bio et locaux, la vente de produit du potager : tout cela peut contribuer à sensibiliser les gens d’une façon douce et convaincante. Une fois que les gens les découvrent, ils voient bien que ces options, loin de constituer des sacrifices, sont plutôt un pas de plus vers le bien-être.
Finalement, je crois qu’informer les visiteurs sur ses démarches est essentiel et participe à l’éducation environnementale. Cette année, je compte faire quelques affiches pour expliquer en quoi nos chalets sont écoresponsables et en mettre une dans chaque chalet.
Cette chambre du Dolce Vita, décorée avec de la fine literie écoresponsable de Bigarade, me rend particulièrement heureuse!
D’autres façons…
Il y a toutes sortes d’autres façons par lesquelles un chalet peut devenir plus écoresponsable. Je peux penser par exemple à l’entretien paysager, aux activités de découvertes qu’on y propose – comme des activités qui sensibilisent à la protection des milieux naturels ou des ressources ou des activités non motorisées – ou encore au contact avec la nature qu’on y permet.
Tout cela peut contribuer non seulement à diminuer l’empreinte écologique de nos vacances, mais aussi à donner le goût aux gens de se rapprocher de la nature et de la voir sous un autre œil. Bien sûr, ce n’est pas parce qu’on aime une chose qu’on va nécessairement poser les bonnes actions. Mais pour moi, c’est déjà un début. Rétablir un contact est une étape essentielle pour permettre une sensibilisation à long terme et un désir de vivre autrement.
L’érablière dans laquelle se situe les chalets permet de faire de magnifiques promenades, où les chances de voir des chevreuils ou des dindons sont très élevées!.
Alors la prochaine fois que vous louerez un chalet, j’espère que vous aurez de nouvelles questions à vous poser afin de déterminer s’il correspond à vos valeurs! Et si ce n’est pas le cas, n’hésitez pas à faire des suggestions!
Conclusion
Pour résumer, voici quelques critères à considérer lorsque vous choisissez un chalet à louer ou encore si vous êtes propriétaire d’un chalet à louer :
- Technologies vertes, s’il s’agit d’une construction récente ou si rénovée;
- Usage de meubles, déco, électroménagers et matériaux recyclés;
- Approvisionnement bio, local et en vrac;
- Triage des matières résiduelles (compostage et recyclage);
- Absence de produits (serviettes de table, assiettes) et contenants jetables;
- Découverte de produits agroalimentaires locaux;
- Contact avec la nature favorisé;
- Suggestions d’activités qui préservent la nature et favorise la santé et le bien-être;
- Entretien paysager et extérieur écoresponsable (bio, impact réduit, etc.).
- Efforts pour informer les visiteurs des démarches écoresponsables entreprises (éducation environnementale).
Pour voir tous nos chalets à Tingwick : https://fr.airbnb.ca/users/90926406/listings.
Le Hygge est un mot danois qui signifie « bien-être ». C’est aussi le nom de ce chalet!
La vue du Hygge. Les visiteurs apprécient la tranquilité.
Vous avez d’autres idées? Svp, partagez-les avec nous dans les commentaires!
