Une petite visite à l’épicerie zéro déchet Vrac & Bocaux cette semaine m’a fait réfléchir à ma production de déchets. Même si elle est modeste, elle aurait besoin d’amélioration. C’est le temps pour de nouvelles habitudes et ça tombe bien : les épiceries zéro déchet se multiplient à Montréal comme ailleurs.
« Indispensables » sacs de plastique
Il y a un bout de temps que je pense à la question de mes déchets. Tout cela a commencé, je crois, avec les sacs en plastique. Dans un voyage en Italie, en 1999, j’étais passée – je ne me rappelle plus où exactement – dans un village où les sacs étaient bannis. Je regardais mes denrées alimentaires, posées à côté de la caisse. La caissière me regardait. Nous étions toutes les deux perplexes. J’attendais qu’elle me donne un sac. Elle attendait que je parte. Ça m’a pris du temps à comprendre.
Quelques années plus tard, alors que je travaillais comme caissière dans un magasin de plein air, j’avais pris l’habitude de demander systématiquement aux gens s’ils avaient besoin d’un sac en plastique. Je me rappellerai toujours de cet homme arrivé à la caisse, sans panier, avec quelques articles dans ses mains. À ma question habituelle – « Avez-vous besoin d’un sac? » – il m’a regardé, moitié insulté, moitié ébahi : « Mais comment voulez-vous que je me rendre à mon auto sans sac? » Il y a parfois des questions auxquelles il ne vaut pas la peine de répondre.
Adieu poubelle
C’est finalement l’année dernière que j’ai commencé à m’y mettre un peu plus, quand un éboueur a, pour une énième fois, balancé ma poubelle sur le trottoir après la collecte. Elle s’est brisée en mille morceaux. C’est la dernière que j’aie eue. Quelques mois plus tôt, j’avais vu le documentaire The Clean Bin Project.
On peut y suivre un couple, Jen et Grant, qui décide de se lancer un défi, une compétition : celui ou celle qui produit le moins de déchet dans une année. Le documentaire m’avait beaucoup fait réfléchir. Je privilégiais déjà les légumes frais du marché ou, encore mieux, de mon potager. Déjà je détestais les emballages à l’épicerie, surtout le styrofoam, cette « belle cochonnerie » comme je l’appelle. Mais je voulais en faire plus.
La vérité, c’est que je ne suis pas zéro déchet. C’est vrai que je n’en produis pas beaucoup. À Montréal, c’est tout juste si je remplis l’équivalent d’un petit sac aux deux mois. Je composte, je recycle, mais surtout, je réduis. Pas autant que je le souhaiterais. Et ce n’est pas toujours évident à l’épicerie. J’ai souvent déballé sur place mes légumes pour rendre à l’épicier la petite barquette de plastique ou de styrofoam.
Or, il est de plus en plus facile de s’en sortir maintenant avec nos achats alimentaires. Il y a bien sûr les marchés maraîchers – beaucoup de quartiers montréalais ont les leurs – mais aussi grâce aux épiceries zéro déchet qui s’installent un peu partout.
Épiceries zéro-déchet : pas besoin d’avoir peur!
Poussée dehors par la belle température et l’envie irrésistible de ne pas travailler sur ma thèse, je suis donc sortie cette semaine à vélo pour aller visiter Vrac & Bocaux, une épicerie zéro déchet au coin des rues Beaubien et Christophe-Colomb. J’avais appris qu’ils tenaient les shampoings et revitalisants de la marque Oneka, une compagnie que j’aime beaucoup. J’avais justement une bouteille de revitalisant vide chez moi.
Je vais vous l’avouer, elle traînait sous mon évier de salle de bain depuis plusieurs semaines. Peut-être même quelques mois. Je pense que j’avais un peu peur d’aller dans une épicerie zéro-déchet. Je sais, je sais, c’est une idée saugrenue. Je ressentais comme un petit inconfort à ne pas savoir comment faire. À devoir, peut-être, me faire aider par quelqu’un. Peut-être aussi juste à me servir moi-même? Je ne sais pas d’où ça vient. Sûrement d’un événement insignifiant de mon enfance enfoui quelque part dans ma mémoire inconsciente.
Enfin. Tout s’est bien passé. Il suffit de peser son contenant (soi-même) et de noter son poids. Tout le nécessaire à cette opération mineure est fourni sur place. Bon d’accord, j’ai fait un petit dégât. J’ai regardé autour de moi pour trouver un mouchoir ou du papier essuie-main. Jetable. Mon cerveau a fait un petit court-circuit. À ce moment-là, la commis m’a gentiment montré un évier derrière le comptoir dont tout le monde peut se servir. Faut croire que je ne suis pas la première à renverser un peu de liquide sur une table.
Honnêtement, ça m’a fait me sentir un peu comme à la maison. Il y a quelque chose d’amical, de sympathique, de chaleureux dans le fait d’aller remplir ses propres bocaux, sacs et bouteilles. Comme si on emportait un peu de chez soi dans la boutique.
Une belle variété
Même si l’épicerie Vrac & Bocaux n’est pas très grande, j’ai été surprise par la variété de catégories alimentaires et autres qu’on y retrouve. Il y a bien sûr les classiques : légumineuses, farines, pâtes, épices, mais aussi des produits liquides (vinaigre, huile d’olive), des produits pour la maison (savon à lessive, savon à vaisselle et pour le corps (shampoing, savon, dentifrice, brosse à dent). On y retrouve bien sûr des fruits et légumes sans emballage et des produits réfrigérés, comme cette chaudière géante de pâte miso. Même des livres. Presque tout est certifié bio.
On y retrouve aussi du matériel à lunch (bentos, sacs à lunch, pellicule en coton et cire d’abeille) et des substituts à des choses que je n’aurais jamais pensé à remplacer, comme des pailles. Et si vous n’avez pas de bouteilles, de bocaux ou de sacs, vous pouvez en acheter sur place. Vous trouverez différents modèles de sacs, dont ceux de Sak Sac et Dans le sac.
Maintenant que la glace est brisée, je compte y retourner. Souvent. Et en faire une habitude. Je ne sais pas pourquoi j’ai attendu aussi longtemps!
Vrac & Bocaux
6698 avenue Christophe Colomb, Montréal
Il y a une épicerie en vrac 100% bio qui proposent des prix très bas dans hochelaga : Biothentique —
– http://www.biothentique.ca
Tu devrais y jeter un oeil, je pense que ça devrait t’intéresser ! Les prix sont nettement inférieurs à toutes les autres épiceries ou achats groupés, un comparatif a été mis de l’avant d’ailleurs sur le groupe facebook zéro déchet Montréal 🙂
1 sac par 2 mois! Tu es forte! J’essaie aussi de réduire mais je ne comprenais pas pourquoi j’avais autant de déchets ou autres: maudit emballage! C’est totalement ça! Comme tu es inspirante Mariève Isabel!
Je vis toute seule, c’est plus facile 😉 Merci Cheng pour ton message et tes encouragements! Oui je pense qu’en réduisant les emballages, on se débarrasse déjà d’une bonne partie du problème! xx