Depuis quelques jours, je vois passer des titres comme celui-ci : « La pandémie incite les Québécois à l’autosuffisance » (La Presse). C’est une bonne chose, car ces connaissances augmentent la résilience des communautés, notamment pour assurer une plus grande autonomie et sécurité alimentaires.
Ça tombe bien, parce que je vous préparais justement un dossier sur la question. Appelons-le le « Dossier autosuffisance »! On commence avec un livre, une façon abordable et réaliste, par les temps qui courent, pour s’éduquer à la maison, soit Forêt de Gérald Le Gal et Ariane Paré-Le Gal, publié aux éditions Cardinal.
Coureur des bois des temps modernes
Il y a longtemps que je voulais découvrir cet ouvrage, dont je n’ai entendu que des louanges. Il n’est pas de ceux qu’on lit d’un couvert à l’autre, puis qui prendra la poussière, oublié sur une étagère. Oh que non. C’est un guide qui servira de mai à octobre, peut-être tous les jours.
Ce magnifique ouvrage à la couverture rigide, généreusement illustré, est l’œuvre d’un coureur des bois des temps modernes, aussi entrepreneur, et de sa fille qui prend la relève de sa compagnie, Gourmet sauvage. Au fil de ses pérégrinations, du Manitoba au grand Nord canadien, puis des îles tropicales comme celles de Papouasie jusqu’au Québec, Gérald Le Gal a été inspiré par les Premières Nations du monde.
Un savoir à conserver et à transmettre
Les connaissances environnementales et ancestrales des Premières Nations leur permettent de profiter des trésors qui se trouvent au-dehors et qu’on peut cueillir sans nuire aux forêts ni transformer les écosystèmes.
Gourmet sauvage est né de ces rencontres. En plus d’offrir des produits de cueillette, l’entreprise offre des ateliers et des conférences pour partager ce savoir.
Gérald Le Gal, après des décennies à cueillir et éduquer, a décidé de tout mettre par écrit. Il aura fallu quatre ans au duo pour réaliser ce livre. Attention, nous préviennent-ils, feuilleter ses pages et partir en cueillette peuvent mener à l’accoutumance!
Chercher midi à quatorze heures
Dans notre quête de manger sainement, plusieurs sont attirés vers des super aliments nous venant d’un peu partout à travers le monde. Or, une panoplie d’aliments extrêmement riches en phytonutriments divers se trouvent juste à côté de nous, parfois même dans nos gazons! Ils sont même souvent considérés comme des mauvaises herbes à arracher.
À nous d’apprendre à les décoder, à les reconnaître, à les cueillir et à les consommer! Quant à moi, je me laisserai guider avec confiance par Gérald et Ariane. Les mises en garde qu’ils donnent sont raisonnables et bien équilibrés entre la prudence, nécessaire, et l’exploration.
De mai à octobre
Le livre est divisé en plusieurs sections : verdures, fruits, fleurs, racines & tubercules, arbres, aromates, noix, graines & céréales et, finalement, champignons. Dans chacune, plusieurs espèces sont présentées. On y apprend comment les identifier, les cueillir, les consommer, les conserver et même, parfois, les cultiver.
En mai, les verdures seront les premières à sortir de la terre. Têtes-de-violon et ail des bois (dont les auteurs ne traitent pas, sauf pour expliquer qu’il s’agit d’une espèce vulnérable) sont loin d’être les seules à apparaître! Le gaillet, la chicorée, le chou gras, la claytonie et la monade se mettent aussi en quête de soleil et peuvent se retrouver dans notre assiette, gorgés de nutriments et de vitamines.
Un calendrier de cueillette très utile se trouve à la fin de l’ouvrage. Comme j’ai hâte de parcourir les sentiers de la cabane à sucre! Je sens déjà l’excitation que me causera cette chasse aux trésors.
De surprise en surprise
L’ouvrage nous réserve beaucoup de surprises! Par exemple, saviez-vous que les samares qui tombent des érables peuvent être mangées? Ou encore que dès la mi-juin on trouve plus d’une centaine d’espèces de fruits sauvages au Québec? Qu’il existe des petites patates sauvages dans nos forêts, reliées entre elles par des rhizomes? Qu’on trouve au Québec une grande variété de noix sauvages parmi les meilleures au monde? Moi je ne savais pas tout ça!
Finalement, pour éviter les mauvaises surprises, les auteurs prennent bien le temps d’expliquer les principes de base d’une cueillette responsable. Par exemple, en cas de doute, même minime, mieux vaut appliquer le principe de précaution et s’abstenir. Il faut aussi apprendre quelles plantes peuvent être mangées crues ou cuites et lesquelles doivent être protégées d’une cueillette trop gourmande.
Conclusion
Finalement, je crois, comme l’écrivent avec sensibilité Gérald Le Gal et Ariane Paré-Le Gal, que la cueillette peut nous aider à reprendre notre place dans la forêt, notre maison originelle. Celles et ceux qui vivent en ville ne sont pas en reste : j’ai connu bien des gens qui cueillaient des « mauvaises herbes » dans les terrains vagues de Montréal.
Pour commander (livraison gratuite pour les achats de 50$ et plus) :
Gérald Le Gal et Ariane Paré-Le Gal, Forêt. Identifier. Cueillir. Cuisiner, Éditions Cardinal, 2019, 379 p. (44,95$)
Bonne cueillette!
Mariève
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