Le match parfait de Jessica Harnois et Sonia Lizotte : apprivoiser les accords entre mets fins et vins durables

100 recettes. 40 vins blancs. 40 vins rouges. 10 rosés. 10 bulles. 16 pays. 9 vins canadiens. 5 vins certifiés bio. 8 pastilles de goûts. 100 accords parfaits! Voici en quelques chiffres ce que l’on retrouve dans Le match parfait de Jessica Harnois, sommelière, et Sonia Lizotte, fondatrice de l’Escouade culinaire.

À la fois livre de recettes et guide sur les vins, cet ouvrage tout neuf met l’accent sur les accords, comme l’indique le sous-titre : la bonne pastille de goût pour le bon plat et vice-versa!

Le premier des matchs parfaits : Jessica Harnois et Sonia Lizotte

Le match parfait, c’est d’abord celui de deux femmes passionnées à l’énergie débordante. Jessica Harnois n’est plus à présenter. On la voit partout, de la télé jusqu’à l’épicerie! C’est à elle que l’on doit la gamme des vins Bù disponibles dans les épiceries du Québec, de même que l’agence de sommellerie Vins au féminin. Composée d’une équipe de femmes donnant des conférences et des ateliers sur les vins, cette entreprise apporte un vent de fraîcheur dans l’univers du vin au Québec, encore trop peu diversifié.

Sonia Lizotte, de son côté, est la fondatrice de l’Escouade culinaire, une équipe de 20 chefs qui offrent des animations, des shows, des ateliers culinaires et plus encore. Créant sans cesse de nouvelles saveurs, cette escouade offre ses services aux entreprises et aux particuliers. Par exemple, vous pourriez avoir un chef à la maison pour la soirée! Sonia Lizotte porte elle aussi, tout comme Jessica, de multiples chapeaux : entrepreneure, conférencière, auteure, consultante et enseignante, pour n’en nommer que quelques-uns.

Apprivoiser les pastilles de goût de la SAQ

De temps en temps, mes amis et moi organisons des dégustations à l’aveugle, entre nous, juste pour le plaisir, en nous basant sur le modèle des Dégustations Vegas offertes par Vins au féminin, une activité que je vous conseille sans hésiter! L’une des tâches de ce jeu consiste à identifier la pastille de goût attribuée au vin dégusté. Je l’avoue : j’ai toujours trouvé cette mission particulièrement difficile.

J’ai donc été ravie de découvrir, enfin et de façon on ne peut plus claire les explications derrières ces petites rondelles colorées.  On nous donne même des trucs mnémotechniques en bonus! Par exemple, je n’oublierai plus jamais que la pastille verte pâle « Délicat et léger » rappelle la pomme verte, ni que celle « Fruité et vif », jaune, évoque l’acidité du citron. De plus, pour chaque plat, on explique la logique derrière le match, une information très utile pour apprendre à le faire soi-même.

Le livre est structuré selon les huit pastilles proposées par la SAQ. Elles sont au cœur de la démarche des accords mets-vins proposée. Quatre pastilles sont pour les vins blancs, quatre autres pour les vins rouges et on nous présente 10 accords mets-vins par pastille. En bonus : 10 rosés et 10 bulles.

Accord : « Qui se ressemble s’assemble » ou « les contraires s’attirent »?

La grande question que posent d’emblée la sommelière et la créatrice de saveurs est la suivante : quel adage est vrai? Qui se ressemble s’assemble ou les contraires s’attirent? Leur réponse : les deux sont possibles! Tout est dans l’équilibre. Si, avec un plat de poisson blanc, on recommande habituellement un vin fruité et vif (la pastille jaune), on peut tout aussi bien imaginer un accord avec un vin plus corsé, voire même un rouge léger, si le poisson est servi en croûte d’épices.

Pour simplifier encore davantage le principe des accords, Jessica Harnois évoque un match de boxe. Les deux adversaires, qui symbolisent ici les vins d’un côté et les plats de l’autre, doivent pouvoir rivaliser l’un contre l’autre pour que le match ne se termine pas en quelques secondes avec un K.O. Le même principe s’applique avec les accords mets-vins : l’un ne doit pas complètement effacer l’autre.

Une fois ces grandes lignes comprises, il ne reste plus qu’à explorer. C’est comme en amour.  Les goûts personnels ne se discutent pas. Il y a des conditions de base à respecter, puis la chimie fait le reste! De même, le match parfait, tant en amour qu’en accords mets-vins, c’est celui qui fait que les deux partenaires se rehaussent et que l’un n’efface pas l’autre. Les excellentes recettes proposées par Sonia Lizotte, d’ailleurs faciles à réaliser, sont parfaites pour s’y entraîner.

Vins bio et vins durables

Pour sélectionner les vins inclus dans l’ouvrage, Jessica Harnois a dû choisir parmi les produits pastillés disponibles à la SAQ. À la lecture, on voit que le rapport qualité/prix, l’accessibilité et la variété de pays et de cépages caractérisent bien les choix effectués par la sommelière. On y trouve quelques vins d’entrée de gamme (souvent des vins plus abordables présentés par des maisons qui élaborent aussi des vins prestigieux), mais aussi quelques secrets bien gardés à conserver en cave quelques années. On trouve peu de vins bio (seulement cinq), mais, en revanche, les vins présentés sont issus de vignobles de qualité pour la plupart durables. C’est une priorité qui va de soi pour la sommelière, qui croit que l’agriculture durable, voire bio, devrait être la norme dans le monde viticole plutôt qu’une tendance.

Si vous me lisez depuis un bout de temps, vous aurez peut-être déjà vu mon article « 50 nuances de vert : pourquoi je ne parle pas seulement de vins bio ». Beaucoup de maisons de vins, dont certaines très anciennes, ne misent pas sur les certifications. Souvent, l’agriculture qu’elles pratiquent se trouvent déjà bien au-delà des normes bio. Parfois, elles préfèrent aussi se garder des options en cas de désastre, ce qui ne les empêche pas de pratiquer une agriculture durable.

Ainsi, j’ai trouvé dans ce guide plusieurs vins qui figurent déjà parmi ceux que j’aime quand vient le temps de choisir des vins non bio, comme par exemple le cabernet sauvignon de la maison Château St-Jean en Californie (code SAQ : 10967397 – 18,95$) , dont je vous parlais dans cet article.

Pour ce qui est des vins bio présentés dans Le match parfait, il s’agit des suivants :

• Blanc – François Lurton, Pinot gris, Mendoza, Piedra Negra, Argentine (code SAQ : 556746 – 14,94$);
• Rouge – Masi Tupungato, Mendoza, Passo Doble, Argentine (code SAQ : 10395309 – 15$);
• Rosé – Château La Lieue, Coteaux Varois en Provence, France (code SAQ : 11687021 – 17,80$);
• Rosé – Montrius, Côtes-du-Rhône, La Muse Papilles, France (code SAQ : 13711194 – 20$);
• Bulles – Parés Baltà, Cava, Pink, Espagne (code SAQ : 12888043 – 17,70$).

Les recettes suggérées avec ces vins, tous à prix très raisonnables, sont absolument à découvrir! À noter aussi que les maisons Gérard Bertrand et Cono Sur, retenues dans la sélection de l’experte, produisent également de très bons vins bio, même si ceux choisis dans les pages du Match parfait ne sont pas certifiés.

Vins du Québec et de l’Ontario

Les vins canadiens, quant à eux, se taillent une belle part du gâteau dans la sélection de Jessica Harnois. Ainsi, on retrouve neuf accords avec des vins canadiens, dont sept du Québec et deux d’Ontario, plus précisément de la vallée du Niagara (je me demande pourquoi il n’y en a pas de Colombie-Britannique?). On connaît encore trop peu les bons vins produits dans notre coin du monde. Ce sont donc des suggestions que j’ai accueillies avec grand plaisir. On nous propose une fois de plus des plats qui mettront là l’honneur leurs particularités, afin de pouvoir encore mieux les apprécier.

Du côté du Québec, on nous propose trois blancs, deux rouges, un rosé et un mousseux. Tout d’abord, L’Orpailleur des Cantons de l’Est (code SAQ : 00704221 – 15,95$), un vin bien connu du grand public, est suggéré pour accompagner une trilogie de tartares de poisson (comme j’ai hâte d’essayer cette recette!). Outre ce classique, les suggestions de la sommelière risquent de vous faire découvrir de nouveaux vignobles : le Coteau Rougement en Montérégie, La Cantina dans la vallée d’Oka, le Vignoble de La Bauge dans les Canton de l’Est, le Vignoble Rivière du Chêne dans les Laurentides, Les Artisans du Terroir en Montérégie et, finalement, le Domaine de Lavoie, dans la même région montérégienne.

Je vous laisse découvrir lesquels de leurs vins ont charmé Jessica Harnois et avec quels mets Sonia Lizotte nous propose de les accorder. En primeur, je vous annonce que Jessica travaille déjà (déjà!) sur un autre ouvrage qui mettra en lumière les produits locaux du Québec. Plusieurs surprises à venir!

Pour terminer, je lève mon verre aux autrices!

Vous l’aurez constaté : j’ai grandement apprécié Le match parfait. Outre tous les commentaires précédents, je donne une mention spéciale à quelques remarques que je n’ai pas manqué de voir, comme par exemple celle d’acheter du thon issu de la pêche durable. Autre mention : on y trouve beaucoup de recettes végé.

J’aurais aimé y voir un index des vins, et peut-être davantage d’info sur les vins bio ou durables, mais on en trouvera peut-être dans la prochaine édition!

Je tiens également à souligner la volonté des autrices de rendre le vin accessible et les accords simples, ce qui donne un ton très sympathique à l’ouvrage. On a l’impression de parler avec des amies. J’ai beaucoup d’admiration pour ces deux femmes qui se distinguent dans leurs milieux, soit la sommellerie et la gastronomie, deux univers qui ont trop longtemps été réservés à l’élite masculine. Elles s’y distinguent non pas parce qu’elles sont des femmes, mais bien parce que leur énergie, leurs initiatives et leurs personnalités chaleureuses sont entraînantes et inspirantes.

Le match parfait, c’est une belle occasion de s’éduquer et de faire plaisir à ses sens, sans snobisme et sans se ruiner, la plupart des vins présentés se situant sous les 20$. À votre tour d’explorer!

Le match parfait. La bonne pastille de goût pour le bon plat et vice-versa!
Jessica Harnois et Sonia Lizotte. Éditions Guy Saint-Jean, 2019, 232 p.
Pour commander : https://saint-jeanediteur.com/titre/le-match-parfait/